Encore une petite curiosité de chez Quidam éditeur :
un cargo de marchandises traverse l'océan, tranquille, lorsque l'équipage a une idée : stopper le navire, pour une baignade collective en plein mer.
Ce genre d'initiative n'arrive jamais : comme dans le ferroviaire ou jadis l'aéropostale, l'objectif est d'arriver au plus vite. Toujours plus vite, toujours plus tôt, ou toujours rattraper le retard, soit du fait d'une tempête, soit du fait de dockers échouant à tout charger au jour convenu.

4ème de couv' :
"De cette baignade à laquelle seule la commandante ne participe pas, naît un vertige qui contamine la suite du voyage.
Irruption du mystère dans la routine, ivresse de la dérive."

Décevant.
L'intrigue est bien posée, originale -"quelque chose" s'empare du bateau, on ne voit pas bien quoi-, mais peine à s'alimenter, et bien vite retombe comme un soufflé. Les personnages, hormis la commandante, ne sont qu'effleurés, il n'est tiré aucun parti du huis-clos, et on reste sur sa faim.

Il y avait matière, pourtant. Manque de temps ? Livre écrit le temps de la traversée ? Dans les Remerciements en effet l'auteure indique : "Ultramarins est né d'une résidence d'auteurs à bord du cargo Fort Saint-Pierre de la CMA-CGM, au mois d'août 2012, organisée par le Centre national du théâtre."

Coïncidence, j'ai traversé l'Atlantique sur ce même navire précisément, pour un même trajet, Le Havre-Saint Nazaire-Pointe à Pitre, six mois plus tard : je confirme que, même si l'on y monte avec les meilleures intentions, la vie à bord procure tant d'émotions que toute tentative d'écriture un peu sérieuse est vouée à l'échec. Le spectacle depuis la passerelle, les visites aux machines, les repas au mess et les longues discussions sous la lune, vous dissuadent en permanence de l'isolement.

Quidam éditeur 2021, 140 p.