Petit pays
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Et puis vient le temps de la guerre civile au Rwanda et des luttes entre Hutus et Tutsis. Un temps où toutes les horreurs sont permises et où les anciens amis deviennent ennemis, où la torture est autorisées et où les voisins tuent leurs voisins et les enfants de leurs voisins.
Un temps où les enfants ne peuvent plus rester des enfants car ils doivent choisir un camp coûte que coûte. Même les enfants participent à ces tueries.
Le contraste entre ces deux Afrique est absolument sidérant et effroyable.
C'est à la limite du tolérable
Et pourtant, l'auteur dépeint ce monde avec toujours un brin de poésie et d'espérance. Peut-être grâce aux livres que lui prête sa voisine et grâce à sa petite correspondante française qu'il aime en cachette...
J'ai beaucoup aimé ce livre même s'il m'a fait pleurer et cauchemarder.
Et je réalise que je ne savais rien de cette guerre civile au Burundi, des embargos, des meurtres en pleine rue... Les infos ont relayé les horreurs rwandaises, mais le Burundi a largement eu sa part de souffrances.
Comment un pays peut-il se reconstruire sereinement après une guerre civile si sanglante ? Comment peut-on pardonner et tourner la page ?
"A reader lives a thousand lives before he dies, the man who never reads lives one". John RR Martins
- Oui. Certains plusieurs fois, même. Ce sont les grands amours de ma vie. Ils me font rire, pleurer, douter, réfléchir. Ils me permettent de m'échapper. Ils m'ont changée, ont fait de moi une autre personne.
- Un livre peut nous changer ?
- Bien sûr, un livre peut te changer ! Et même changer ta vie. Comme un coup de foudre. Et on ne peut pas savoir quand la rencontre aura lieu. Il faut se méfier des livres, ce sont des génies endormis.
Mes doigts couraient sur les rayonnages, caressaient les couvertures, leur texture si différentes les unes des autres. J'énonçais en silence les titres que je lisais. Mme Economopoulos m'observait sans rien dire, mais alors que je m'attardais particulièrement sur un livre, intrigué par le titre, elle m'a encouragé.
- Prends-le, je suis sûre qu'il te plaira.
Ce jour-là, avant d'aller au lit, j'ai emprunté une lampe torche dans un des tiroirs du secrétaire de Papa. Sous les draps, j'ai commencé à lire le roman, l'histoire d'un vieux pêcheur, d'un petit garçon, d'un gros poisson, d'une bande de requins... Au fil de la lecture, mon lit se transformait en bateau, j'entendais le clapotis des vagues taper contre le bord du matelas, je sentais l'air du large et le vent pousser la voile de mes draps.
(...)
Chaque fois que je lui rapportais un livre, Mme Economopoulos voulait savoir ce que j'en avais pensé. Je me demandais ce que cela pouvait bien lui faire. Au début, je lui racontais brièvement l'histoire, quelques actions significatives, le nom des lieux et des protagonistes. Je voyais qu'elle était contente et j'avais surtout envie qu'elle me prête à nouveau un livre pour filer dans ma chambre le dévorer.
Et puis, j'ai commencé à lui dire ce que je ressentais, les questions que je me posais, mon avis sur l'auteur ou les personnages. Ainsi je continuais à savourer mon livre, je prolongeais l'histoire. (...) Grâce à mes lectures, j'avais aboli les limites de l'impasse, je respirais à nouveau, le monde s'étendait plus loin, au-delà des clôtures qui nous recroquevillaient sur nous-mêmes et sur nos peurs. Je n'allais plus à la planque, je n'avais plus envie de voir les copains, de les écouter parler de la guerre, des villes mortes, des Hutu et des Tutsi. Avec Mme Economopoulos, nous nous asseyions dans son jardin sous un jacaranda mimosa. Sur sa table en fer forgé, elle servait du thé et des biscuits chauds. Nous discutions pendant des heures des livres qu'elle mettait entre mes mains. Je découvrais que je pouvais parler d'une infinité de choses tapies au fond de moi et que j'ignorais. Dans ce havre de verdure, j'apprenais à identifier mes goûts, mes envies, ma manière de voir et de ressentir l'univers. Mme Economopoulos me donnait confiance en moi, ne me jugeait jamais, avait le don de m'écouter et de me rassurer. Après avoir bien discuté, lorsque l'après-midi s'évanouissait dans la lumière du couchant, nous flânions dans son jardin comme de drôles d'amoureux. J'avais l'impression d'avancer sous la voûte d'une église, le chant des oiseaux était un chuchotis de prières. Nous nous arrêtions devant ses orchidées sauvages, nous faufilions parmi les haies d'hibiscus et les pousses de ficus. Ses parterres de fleurs étaient des festins somptueux pour les souimangas et les abeilles du quartier. Je ramassais des feuilles séchées au pied des arbres pour en faire des marques-pages. Nous marchions lentement, presque au ralenti, en trainant nos pieds dans l'herbe grasse, comme pour retenir le temps, pendant que l'impasse, peu à peu, se couvrait de nuit.
(Pages 172 à 174)
Released 2 yrs ago (6/18/2021 UTC) at RABCK, -- By post or by hand/ in person -- France
CONTROLLED RELEASE NOTES:
J'espère que tu aimeras ce livre.
Il évoque une Afrique contrastée où l'on passe d'une soirée à contempler la Voie Lactée à un jour de guerre sanglant.
Bravo pour ta victoire.
Janvier 2022 : Une partie du monde et de l'Histoire que je découvre à travers ce livre qui ne peut pas laisser insensible. Un enfant qui grandit au fil des pages et qui essaye de comprendre ce monde de 'grands'.
Merci de m'avoir permis de découvrir ce livre.
Released 1 yr ago (6/22/2022 UTC) at Libération contrôlée, -- By post or by hand/ in person -- France
CONTROLLED RELEASE NOTES:
Je te souhaite une belle découverte avec ce livre.
Lecture débutée.
On ne peut pas dire que la lecture soit agréable ; la description de l’horreur ne peut pas être agréable. Mais la poésie présente et l’éloignement du sujet de ces barbaries nous préserve et rend le tout digeste tout en nous informant de certaines réalités.
Released 1 yr ago (11/24/2022 UTC) at Quelque part à Strasbourg in Strasbourg, Alsace France
WILD RELEASE NOTES: