Tesson, après la Sibérie, le lac Baïkal, les chemins noirs etc., suit ses amis Munier, Marie et Léo sur les hauts plateaux tibétains, où évolue encore la panthère des neiges.

J'ai abordé ce livre bêtement : je m'y jetai comme dans un guide du Routard mâtiné de National Geographic.
C'est bien plus que ça, c'est très au-delà. À tel point que désormais arrivé au bout, du voyage et de l'histoire, je pourrais emporter ce livre sur une île déserte, tant il est riche et puissant.
Du niveau de L'usage du monde, de Bouvier.
Aussi fort, aussi dense, aussi fin et élégant.

C'est un bréviaire à l'intention des hommes de bonne volonté. Ceux qui délaissent les chimères des planètes lointaines, et préfèrent de loin s'employer à sauvegarder celle qui nous est la plus chère, la plus connue et la plus belle : la nôtre.



Extrait : (p. 144)

"Les plus optimistes se félicitaient de la possibilité d'un globe peuplé de quatorze milliards d'hommes. Si la vie se résumait à l'assouvissement des besoins biologiques en vue de la reproduction de l'espèce, la perspective était encourageante : nous pourrions copuler dans des cubes de béton connectés au Wifi en mangeant des insectes. Mais si l'on demandait à notre passage sur la Terre sa part de beauté et si la vie était une partie jouée dans un jardin magique, la disparition des bêtes s'avérait une nouvelle atroce. La pire de toutes. Elle avait été accueillie dans l'indifférence. Le cheminot défend le cheminot. L'homme se préoccupe de l'homme. L'humanisme est un syndicalisme comme un autre.

La dégradation du monde s'accompagnait d'une espérance frénétique en un avenir meilleur. Plus le réel se dégradait, plus retentissaient les imprécations messianiques. Il y avait un lien proportionnel entre la dévastation du vivant et le double mouvement d'oubli du passé et de supplique à l'avenir.
"Demain, mieux qu'aujourd'hui", slogan hideux de la modernité. Les hommes politiques promettaient des réformes ("le changement", jappaient-ils !), les croyants attendaient une vie éternelle, les laborantins de la Silicon Valley nous annonçaient un homme augmenté. En bref, il fallait patienter, les lendemains chanteraient. C'était la même rengaine : "Puisque ce monde est bousillé , ménageons nos issues de secours !" Hommes de science, hommes politiques et hommes de foi se pressaient au portillon des espérances. En revanche, pour conserver ce qui nous avait été remis, il n'y avait pas grand monde."

Gallimard 2019, 160 p.

Opération 17 ans de BC :
pour Wilena !

Le livre est bien arrivé, merci beaucoup pour le partage et encore joyeux BC-versaire ! :-)

Un récit nous plongeant au creux des falaises tibétaines guettant d'apercevoir la panthère des neiges. Sylvain Tesson a le don pour nous faire partager à la fois ses aventures et ses pensées sur notre monde et l'état de celui-ci, c'est toujours un régal.

J'ai vraiment beaucoup apprécié, merci pour le partage et pour cette découverte !

Il me permet de compléter la catégorie 7 - Un RECIT de voyage (réel ou fictif) du Bingo 2020 de Croquignolle.

Joyeux Noël ! J'espère que ce livre de Sylvain Tesson te plaira !

Après le Baïkal, la panthère des neiges, un Tesson du puzzle que je ne connaissais pas, merci !
J'y reviendrai encore, ne serait-ce qu'en y goutant, d'ores et déjà merci beaucoup pour les nonnettes (le mot existe en Romandie) les fritons de porc, la confiture d'eglantier ( ils ont osé imprimer gratte-cul ha ha) le thé et le pâté de campagne.

S. Tesson, Munier et Marie (compagne du précédent) se rendent en Chine, dans le Qinghai, puis au Tibet en espérant y voir la panthère des neiges. Braconnage, amour des fourrures et avidité ont raréfié ce félin d'Asie himalayenne.

Beaucoup aimé. D'autant que ce n'est pas seulement une histoire d'affût et de nature sauvage (nettement plus rude que chez nous). S. T. invite à se soucier de la vie sauvage, à décoller le regard des écrans, à être autre chose qu'un bétail humain.

Page 99: "Il restait 5000 panthères dans le monde. Statistiquement, on comptait davantage d'êtres humains vêtus de manteaux de fourrure."
Page 145: S. T. s'insurge contre une indifférence profonde au présent. (chapitre "Consentir au monde" qui démarre p. 142, pivot de la vision du monde de l'auteur)

Il ira chez Ydam21 (wishlist).

Il ne t'est jamais donné de rêve sans le pouvoir de le réaliser. (Richard Bach)


Pour la tombola de février... Même si ce sera en mars.

Il ne t'est jamais donné de rêve sans le pouvoir de le réaliser. (Richard Bach)

Pour la tombola de février. La Panthère des neiges part chez Ydam21.

Ton envoi a croisé le mien.
Merci, Souram, pour ce choix d'un livre de ma liste de souhaits. Je suis ravie.

Un livre lu "tranquillement" pour en savourer les descriptions et le message. Ce récit remet l'Homme à sa place qui n'est de loin pas sur la première marche du podium. Même s'il s'y voit bien !
Tesson me donne envie d'en savoir plus sur Vincent Munier ...

Ce livre a fait une étape chez moi. Je vous le confie, son voyage continue entre vos mains.

Bienvenue dans le monde du bookcrossing et bonne lecture !

je l'ai pris pour le transférer dans la boîte de la Blécherette mais comme on parlait du Tibet hier, je me suis dit que c'est peut-être un signe et je dois le lire après avoir relu Ella Maillart. Il fera donc un petit séjour chez moi.

Une expédition au Tibet à la recherche de la panthère des neiges: l'organisateur, Munier, est photographe.
La solitude des montagnes incitent à une grande réflexion sur la race humaine, la Nature, la spiritualité, la Création, les modernisations affligeantes en Chine, notre futur, et l'art de savoir voir.
J'ai apprécié l'utilisation du passé simple qui est rare de nos jours et prête une certaine élégance au texte.

J'étais un peu déroutée par quelques comparaisons hors contexte - les monitrices tyroliennes, Bernadette Soubirous... il y en a d'autres, qui, à mon avis, n'apportaient rien au texte.

Noté au passage: Munier mentionne qu'il a lu tout Giono, en écho à mes lectures courantes...

de retour à la réunion!