Deuxième acte de la trilogie de La taupe.

De même que pour le premier, je gardais une vive rancune pour celui-ci : leurs couvertures m'ont toisé pendant dix ans, sur l'étagère.
"Trop compliqué !"
"Pour adultes seulement -ou au moins pour des gens malins !"
"Passe ton chemin, mon garçon, trop dur pour toi."

Tant et si bien que je ne m'en suis plus jamais approché.
Ces couvertures noires, cette typo seventies à souhait, ce zébré rose et bleu façon cravate-club d'Eton, continuaient à diffuser dans mon inconscient comme une mise en garde radioactive :
"Arrière, malheureux !"

Et puis ce 1er mai, c'était la brocante, à Mouvaux (un village voisin), voici que je retombe sur elles, posées à même le sol de la rue, entre un magnifique cadre de berger allemand au canevas et un Rubik's cube.

J'ai bien fait : c'est bon, j'ai l'âge, maintenant, je n'ai pas tout compris mais je viens de passer vingt heures de pure évasion.

Robert Laffont 1977, 490 p.